Technique
Les procédés de décoration dans le domaine de la laque sont innombrables. Parmi ces techniques étonnantes, le rankaku, soit l'incrustation de coquille d'oeuf ou dit la coquille d'oeuf, en fait partie.
Datant du VIème siècle, la provenance de ses origines restent flous entre la Chine et le Japon. Les artisans d'art asiatiques décoraient avec parcimonie des objets du quotidien.
Traditionnellement, la coquille s'utilisait surtout pour son intérieur blanchâtre comme ajout de couleur, afin de remplacer les pigments blancs qui n'existaient pas dans les laques colorées.
En voici les étapes :
Débarrassée de ses peaux internes, la coquille est brisée délicatement. Triée afin d'utiliser les fragments en fonction de leur taille, chacune de ces infimes particules est ensuite posée, à l'aide d'une pince, sur une couche de laque fraîche. Placées bord à bord comme une mosaïque et/ou disposées selon le motif projeté, elles sont ensuite poncées pour obtenir une surface lisse. Afin de remplir les interstices, elles sont noyées sous une ou plusieurs couches de laque végétale. Il faut poncer après chaque passage et les morceaux de coquille réapparaissent incrustés.
Tout ce processus demande des temps de séchage entre chaque étape et beaucoup d'habileté pour annihiler les aspérités.
Dans les années 30, style Art Déco, ce savoir-faire de précision occidentalisé est à l'apogée de son succès parmi les méthodes d'incrustation comme la marqueterie (nacre, paille, bois, etc), mosaïque, gravure. Jean Dunand, artisan d'art suisse naturalisé français, l'utilise sur de grandes surfaces, de façon esthétique, un renouveau. Puis la technique étant chronophage, elle se fait discrète au fil du temps.
Aujourd'hui, placer les coquilles peut se faire avec un vernis ou une colle, facilitant la tâche. Leur forme ovoïde propose des morceaux concaves ou convexes, colorés ou blancs nuancés. Les deux facettes peuvent être utilisées. Plus les morceaux seront petits, plus ils seront plats, d'où leur format. Tout dépend des effets recherchés !
Néanmoins chaque morceau est appliqué un par un, à la pointe de compas. Provenant directement de la matière brute, non transformée, on peut choisir la taille du morceau mais difficilement sa forme.
L'ensemble requiert encore et toujours patience et concentration.
Justine travaille uniquement l'oeuf de poule car l'épaisseur et la résistance restent à peu près les mêmes. Rien qu'avec lui, il y a dejà beaucoup à explorer !